En route pour la 52e législature
Les élections fédérales sont déjà loin et voilà le Parlement réuni en session à Berne, avec de nouveaux visages dans ses rangs. Il est plus masculin, plus âgé, et penche vers la droite. Que nous réserve cette configuration pour l’avenir?
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«La Suisse a voté» – sous ce titre commun à de nombreux médias le 23 octobre dernier, on a déjà amplement débattu, philosophé, réfléchi à grand renfort d’analyses sur les conséquences qu’aura la nouvelle composition du Parlement pour la Suisse et pour son avenir. A l’heure où nous écrivons ces lignes, la 52e législature a démarré, la session d’hiver en est à sa deuxième semaine et les premières tendances se font jour. Le débat sur le prochain budget de la Confédération méritera à coup sûr un regard attentif.
Une analyse électorale de plus? On peut certainement s’en passer. En revanche, il n’est pas inutile de livrer quelques réflexions sur ces élections, sur leur résultat en termes d’impact pour la place financière, et sur les perspectives d’avenir.
A propos de la participation électorale
Commençons par les faits, sans nécessairement revenir sur le détail des chiffres. Divers médias, l’Office fédéral de la statistique ou le site Internet www.ch.ch le font bien mieux que nous, et surtout à l’aide de graphiques parlants. En résumé, les élections fédérales ont entraîné une polarisation et les partis vainqueurs sont ceux qui promettaient de la sécurité, sous une forme ou sous une autre, à leur électorat.
Force est de constater qu’une fois encore, moins de la moitié des électrices et des électeurs se sont rendus aux urnes. A peine 46,6 % des titulaires du droit de vote ont fait l’effort de contribuer à désigner celles et ceux qui tiendront les rênes de notre pays pendant les quatre années à venir. Certes, c’est plus qu’il y a quatre ans, mais il faut quand même se demander pourquoi plus de la moitié de l’électorat n’a apparemment aucun intérêt à exercer son droit de vote. Il est indéniable que lors des dernières élections, face à une marée sans précédent de listes et de candidatures, le processus de sélection n’était pas simple. On a compté jusqu’à 29 listes dans certains cantons, ce qui a valu aux électrices et aux électeurs de se retrouver face à une pile de dépliants électoraux – et à des visages qui leur semblaient innombrables. S’il est vrai que la pluralité des listes, des souslistes et des candidatures étend le champ de mobilisation des partis, on peut néanmoins s’interroger: cette offre surabondante n’entraîne-t-elle pas chez les électrices et les électeurs le sentiment d’être dépassés? Il semble d’ailleurs que les milieux politiques eux-mêmes se posent la question, puisque de premières initiatives ont déjà été déposées à ce sujet.
Et maintenant?
La question que chaque branche se pose à l’issue des élections est toujours la même: quelles conséquences aura le résultat? En d’autres termes, va-t-il fortement infléchir les débats parlementaires déjà en cours ou à venir? Parvient-on à sortir des impasses grâce à un nouveau personnel politique?
Du point de vue de la place financière, cette question appelle des réponses nuancées. Le reflux de ce qu’il est convenu d’appeler la «vague verte» freinera peut-être les ardeurs sur le front de la finance durable. Mais de toute façon, la branche travaille en dialogue constant avec les autorités et les milieux politiques pour asseoir le positionnement de la Suisse comme un pôle international de premier plan dans ce domaine. Par ailleurs, les voix critiques face à l’ouverture de la Suisse vers l’Europe sont désormais plus fortes. Dans la perspective d’améliorer l’accès au marché de l’UE pour les banques suisses, c’est plutôt une mauvaise nouvelle.
On ignore encore comment la composition du Parlement issu des dernières élections influera sur les réactions réglementaires au cas Credit Suisse. Mais avec la publication du rapport du Conseil fédéral sur la réglementation TBTF au printemps prochain, puis du rapport de la CEP sans doute à l’automne 2024, les nouveaux parlementaires comme les anciens auront plus de matière qu’il n’en faut pour examiner le sujet.