«L’objectif est que les banques s’inspirent de l’innovation»
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Professeur Dietrich, comment se portent les banques de détail en Suisse?
Andreas Dietrich. Globalement, elles restent en bonne forme. La plupart d’entre elles ont traversé cette année de crise pandémique sans problèmes apparents. Beaucoup ont même dégagé des résultats meilleurs que les années précédentes. D’une part, les banques de détail ont été nombreuses à augmenter leurs produits de commissions en 2020. D’autre part, plusieurs années d’érosion des marges ont certes mis les produits d’intérêts sous pression. Mais la hausse des volumes, la baisse des charges d’intérêts et le niveau toujours faible des taux de défaillance sur crédit ont permis d’assez bien préserver le résultat des opérations d’intérêts.
Quels sont à vos yeux les grands défis pour les banques de détail? Vous venez d’évoquer les opérations d’intérêts.
C’est un des domaines d’activité majeurs des banques de détail, puisqu’il représente entre 70 et 90 % de leurs revenus. Mais comme je viens de vous le dire, l’érosion des marges va croissant. Jusqu’à présent, la hausse des volumes a eu un effet compensateur, mais la pression s’accentue. Parallèlement, de nouveaux acteurs s’installent sur le marché et les banques établies doivent revoir leurs modèles d’affaires en conséquence. La situation des taux d’intérêt demeure un défi pour l’avenir, de même que l’informatique et la numérisation. Dans ce domaine, les banques n’ont d’autre choix que de réagir. D’une part, elles doivent adapter leur architecture informatique aux nouveaux besoins. D’autre part, face à la multiplicité des projets potentiels en matière de numérisation, elles doivent s’interroger sur leurs priorités. Sans compter que la numérisation a facilité l’apparition d’un grand nombre de nouveaux acteurs sur le marché. Cela comprime encore les marges et impose aux banques de réexaminer leurs stratégies tarifaires d’un œil critique.
Y a-t-il aussi des opportunités à saisir selon vous?
Les opportunités liées à la numérisation sont innombrables! J’observe toutefois que les banques ont des positions divergentes à cet égard: les unes considèrent la numérisation avant tout comme une menace, tandis que d’autres ont parfaitement identifié les multiples possibilités qu’elle offre – par exemple, contribuer à améliorer l’expérience client. Grâce aux canaux numériques, certaines banques sont d’ailleurs parvenues à développer leur clientèle et à exploiter de nouvelles sources de revenus. En deuxième lieu, la numérisation peut générer des gains de productivité, et donc des économies de coûts au sein des banques. En troisième lieu enfin, le recours à des solutions d’analytics et de machine learning permet lui aussi d’accroître les revenus ou de réduire les coûts.
Restons-en aux perspectives positives: l’IFZ et l’ASB vont coopérer encore plus étroitement à l’avenir. Qu’attendez-vous de ce partenariat?
Nous avons un public d’habitués qui participe à nos conférences et lit nos études. Mais le partenariat avec l’ASB nous permet d’espérer une diffusion encore plus large de nos contenus. Nous cherchons aussi à intensifier les échanges sur le fond, afin d’appréhender les évolutions en dialogue avec les experts de l’ASB ou de prendre en compte des aspects qui remonteront jusqu’à nous depuis les banques via les commissions spécialisées de l’ASB. De plus, en vue d’intégrer des exemples étrangers dans notre approche, le réseau de l’ASB sera utile pour faire venir de nouveaux intervenants passionnants à nos conférences.
Que pouvez-vous d’ores et déjà nous dire sur la teneur de la conférence «Innovationen im Banking» du 8 juin prochain?
L’innovation sera abordée sous différents angles: le potentiel des données, par exemple, ou encore les évolutions récentes en matière d’activités de placement, sont deux des axes retenus. Parmi les intervenants invités, il y aura des représentants de banques établies qui ont lancé une prestation ou un touchpoint innovant, mais aussi des représentants de jeunes entreprises qui apportent de nouvelles idées et de nouvelles perspectives dans le domaine du placement. L’objectif est que les banques s’inspirent de ces innovations.