Obligations GSS+: où en est la Suisse?
Les obligations vertes, sociales, durables et liées au développement durable (Green, Social, Sustainability and Sustainability-Linked Bonds, d’où l’abréviation GSS+) sont réputées être des catalyseurs importants en vue d’un développement durable de l’Etat, de l’économie et de la société. Depuis 2015, elles ont connu un essor considérable partout dans le monde. Mais au fond, où en est la Suisse dans ce domaine? Et comment faire pour continuer à promouvoir les obligations GSS+ dans notre pays? L’Association suisse des banquiers (ASB) a examiné ces questions dans un document de réflexion.
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Les obligations GSS+ sont des obligations classiques, productives d’intérêts, mais émises par des entreprises de l’économie réelle ou financière, des corporations de droit public ainsi que des organisations supranationales afin de financer des projets durables spécifiques ou de concrétiser leurs objectifs de durabilité respectifs.
Les émissions d’obligations GSS+ ont connu une croissance fulgurante depuis 2015, grâce notamment aux principes et aux normes établis par la branche elle-même (p. ex. par l’International Capital Market Association). L’Accord de Paris sur le climat y a sans doute contribué également, en attribuant un rôle clé au secteur financier en matière de lutte contre le changement climatique. En raison des turbulences internationales, les emprunts GSS+ ont toutefois enregistré une baisse significative en 2022. Pour 2024, divers analystes tablent sur un ralentissement de leur croissance.
A fin 2023, l’encours mondial des obligations GSS+ s’établissait à CHF 3 360 milliards. L’Europe s’impose comme la première région du monde quant aux émissions d’emprunts durables. Si l’Allemagne et la France forment clairement le duo de tête sur le continent en termes de volume, elles sont devancées par les Pays-Bas, la Norvège et la Suède en termes de parts de marché. Hong Kong est le leader mondial au regard de ce dernier critère (part de marché proche de 50 %), mais son volume d’émission est faible par rapport aux grands pays industrialisés.
En Suisse, les obligations GSS+ n’ont amorcé leur croissance qu’en 2019, soit avec environ quatre ans de retard en comparaison internationale. Mais depuis lors, les années record se succèdent. En 2023, le volume d’émission s’est établi à quelque CHF 8,5 milliards, de sorte que les obligations GSS+ affichent désormais une part de marché d’environ 10 %. Cette évolution est réjouissante: la Suisse a rejoint en quelques années le peloton de tête des grandes places émettrices d’obligations GSS+. Et à la différence des autres pays, elle a su résister à la chute mondiale du marché des emprunts GSS+ en 2022.
Même si les obligations GSS+ ne sont qu’un instrument de financement du développement durable parmi beaucoup d’autres, et si leur part de marché ne permet donc de tirer aucune conclusion directe quant à la durabilité du marché suisse des capitaux, il peut être pertinent de continuer à les promouvoir. C’est d’autant plus vrai que la demande de placements financiers durables reste à un niveau particulièrement élevé en Suisse. Plusieurs approches sont envisageables à cet effet: en particulier, comme les entreprises capables d’accéder au marché des capitaux sont tenues depuis janvier 2024 d’établir un rapport sur les questions climatiques, elles pourraient exploiter les synergies en résultant pour réduire les coûts liés à la mise en place d’un emprunt GSS+ et au reporting correspondant. Il faudrait également sensibiliser davantage les cantons et les communes aux emprunts GSS+, car ces acteurs ont des projets qui se prêtent à de tels financements et qui, surtout, sont d’une ampleur suffisante.
De manière générale, l’enjeu est clair: pour devenir un leader mondial en matière de services financiers durables et atteindre ainsi l’objectif du Conseil fédéral, la place financière suisse doit consolider sa position sur le marché et idéalement la développer.
Vous trouverez des informations détaillées à ce sujet dans notre document de réflexion intitulé «Obligations GSS+: Le marché suisse des emprunts durables en comparaison internationale».