Le digital wallet, portemonnaie du futur?
Simple méthode de paiement au départ, le portemonnaie électronique ou digital wallet est en train de devenir le pivot d’un écosystème numérique. Une étude réalisée par la Haute Ecole de Lucerne (HSLU) avec le soutien de l’Association suisse des banquiers (ASB) propose une classification des wallets existants en fonction de plusieurs caractéristiques distinctives.
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Un réveil (trop) tardif et voilà que dans la précipitation, vous quittez la maison en oubliant votre portemonnaie. Mais ce qui était une source de stress dans le monde d’hier n’est plus guère un problème aujourd’hui. Vous payez votre croissant avec TWINT chez le boulanger, le billet de train que vous avez acheté via Apple Pay s’affiche sous forme de code QR dans l’application CFF et, lorsque vous faites vos courses, les points de fidélité se cumulent tranquillement grâce au code-barre de l’application du supermarché. Le soir, vous constatez que votre smartphone vous a permis de passer la journée sans encombre – le portemonnaie électronique est une alternative bien pratique au portemonnaie physique.
Le grand confort d’utilisation et la convivialité des wallets en font des outils très appréciés qui se diffusent largement dans le public, comme en témoignent les statistiques: en Suisse, 83 % des personnes utilisent déjà TWINT, Apple Pay ou Google Pay pour payer leurs achats à un point de vente ou en ligne – un chiffre en hausse sensible par rapport à l’année dernière, où il s’établissait à 72 %. Cette évolution radicale parle d’elle-même: les wallets font désormais partie intégrante du trafic des paiements et sont durablement ancrés dans les habitudes de paiement des consommatrices et des consommateurs.
Une taxonomie, base d’une classification structurée des wallets
Historiquement, les wallets sont ainsi assimilés à des applications de gestion des moyens de paiement – mais de plus en plus souvent, ils permettent également de gérer des actifs, des justificatifs d’identité (p. ex. billets ou cartes de membre), des identités électroniques (e-ID). Dans ce contexte, l’ASB a contribué à une étude de l’Institut für Finanzdienstleistungen Zug (IFZ), rattaché à la Haute Ecole de Lucerne, afin d’apporter sa pierre à une discussion structurée sur ces applications.
L’étude a consisté principalement à établir une taxonomie, qui classifie les wallets en fonction de dix-huit caractéristiques distinctives comme l’usage, la gouvernance, la sphère privée et la technologie sous-jacente. Cette taxonomie a ensuite été appliquée aux wallets les plus connus et les plus utilisés en Suisse. Une des conclusions ainsi dégagées est que les wallets servent à un très grand nombre d’applications et de groupes cibles. Par exemple, Google Pay et TWINT sont spécialisés dans les paiements du quotidien, tandis que MetaMask joue un rôle important en matière de finance décentralisée et mise davantage sur la self-custody.
Graphique: la taxonomie de l’IFZ classifie les wallets en fonction de plusieurs caractéristiques distinctives, mais la plupart d’entre eux sont utilisés aujourd’hui pour les paiements, l’open banking ou la finance décentralisée. Source: IFZ (2024)
Les wallets, à l’épicentre des interactions client.e.s: quelles implications pour les banques?
Tout d’abord, les banques doivent réfléchir au rôle qu’elles entendent jouer dans le contexte des wallets. Différentes options s’offriront à elles à l’avenir, comme émettre des justificatifs d’identité, conserver et gérer des identités et des actifs numériques, effectuer des paiements et des transactions, proposer des wallets ou faire office de «partenaires de conformité» pour des prestataires tiers. Cette dernière option en particulier montre que les wallets n’échappent évidemment pas aux règles en vigueur. En Suisse, selon les fonctionnalités proposées, les fournisseurs de wallets sont déjà réputés être des opérateurs du marché financier réglementé et ils entrent dans le champ du droit des marchés financiers.
Ensuite, pour exploiter le potentiel des wallets, les banques peuvent envisager trois stratégies génériques principales:
- S’intégrer dans des plateformes existantes: les banques intègrent leurs produits et services dans des wallets existants comme Apple Wallet ou Google Wallet, créant ainsi un accès totalement fluide pour leur clientèle – comme c’est déjà le cas pour les cartes de crédit et de débit.
- Développer TWINT pour en faire une «super-application»: l’intégration de nouvelles fonctionnalités comme l’e-ID, la signature électronique et la gestion de fortune électronique rend «l’application préférée» des Suissesses et des Suisses encore plus attrayante et en fait une «super-application», y compris pour les banques.
- Développer leur propre solution de wallet: une plateforme de wallet propre à la banque sert de point d’accès central pour la clientèle, dont elle renforce la confiance et qu’elle contribue ainsi à fidéliser durablement.
Conclusion
Le portemonnaie électronique est appelé à entrer de plus en plus dans le quotidien des consommatrices et des consommateurs. Ses fonctionnalités ne feront que se multiplier à l’avenir – de l’e-ID aux polices d’assurance en passant par le permis de conduire. Sa convivialité et sa polyvalence contribuent déjà à sa diffusion à large échelle. Les banques devraient donc s’interroger dès à présent quant aux implications de ces évolutions sur leurs activités. L’étude «Digital Wallets» réalisée par l’IFZ en collaboration avec l’ASB constitue à cet effet un bon point de départ.