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28.11.2024

«Les services bancaires sont indispensables, pour les particuliers comme pour les entreprises» – Martin Hess, à propos des faits et chiffres résultant de l’étude de BAK Economics  

Mandaté à cet effet par l’Association suisse des banquiers (ASB) et par l’Association Suisse d’Assurances (ASA), l’institut BAK Economics réalise chaque année une étude sur «l’importance économique du secteur financier suisse». Si la matière semble aride, les conclusions de l’étude 2023 n’en sont pas moins riches et révélatrices – nous en parlons ici avec Martin Hess, Responsable Politique économique au sein de l’ASB. 

Martin, les résultats de l’étude 2023 soulignent une fois de plus le rôle central du secteur bancaire dans l’économie suisse. Cette importance des banques, comment l’expliquer en quelques mots?  

Il y a trois raisons principales à cela: les banques assurent la fluidité du trafic des paiements, elles permettent une allocation plus efficiente des capitaux et elles réduisent les risques financiers pour leur clientèle. Les services bancaires sont donc indispensables, pour les particuliers comme pour les entreprises. Par exemple, en comparaison internationale, la qualité des prestations et les conditions de financement sont remarquables en Suisse. Le secteur bancaire génère donc une forte valeur ajoutée économique, qui représentait 5,4 % du PIB en 2023. La même année, la part des services bancaires dans les exportations de services s’établissait à 16 %. Et le secteur bancaire emploie directement près de 160 000 personnes (en équivalents plein temps). 

 

Graphique : BAK Economics. Source : BAK Economics

 

Outre la valeur ajoutée générée par les banques, l’étude mentionne des effets dits «indirects». Qu’entend-on par là? 

Les effets indirects proviennent des produits et services fournis aux banques par d’autres secteurs sous forme de prestations intermédiaires. Il peut s’agir par exemple de prestations dans le domaine de l’informatique ou du conseil, mais aussi de prestations que l’on associe moins spontanément aux activités bancaires, comme le nettoyage des locaux. En 2023, ces prestations intermédiaires représentaient CHF 24,8 milliards, soit presque 60 % de la valeur ajoutée directe des banques. Pour chaque franc suisse de valeur ajoutée généré dans le secteur bancaire, 58 centimes supplémentaires l’ont été dans d’autres secteurs. C’est loin d’être négligeable pour l’économie.  

Cette valeur ajoutée a-t-elle une incidence sur les recettes fiscales de l’Etat?  

Globalement, oui. Les grands secteurs emploient un grand nombre de collaboratrices et de collaborateurs, qui versent des impôts sur le revenu. En outre, les activités économiques dans le secteur financier donnent lieu à des prélèvements fiscaux élevés sous forme d’impôt anticipé, de TVA ou de droits de timbre. Ces impôts liés au marché financier ont atteint CHF 9,1 milliards en 2023 – un montant qui permettrait de financer toutes les dépenses de la Confédération en matière d’éducation et de recherche, et au bout du compte il resterait même un milliard d’excédent. Enfin, les impôts sur le bénéfice versés par les banques contribuent considérablement aux recettes fiscales de l’Etat.  

Investir dans le secteur bancaire, c’est donc plus rémunérateur qu’on ne l’imagine en général? 

Absolument, à supposer que les activités bancaires en Suisse puissent rester rentables à l’avenir. Pour générer du profit, il est important que les banques maîtrisent leurs coûts. Mais en même temps, il faut un cadre réglementaire qui permette aux banques de générer du profit. Cela bénéficie directement à la collectivité sous forme d’impôts. De plus, la stabilité des banques dépend directement de leur capacité de dégager des bénéfices, car ce sont ces derniers qui permettent la constitution de fonds propres. Je m’étonne toujours que de tels arguments soient à peine audibles dans le débat politique. 

Nous lisons dans l’étude que la valeur ajoutée réelle des banques a baissé de 10 % sur une année. A quoi cette évolution est-elle due? 

Ce chiffre élevé me surprend moi-même car, sur la même période, les banques ont créé des emplois et la valeur ajoutée nominale a augmenté de 3,2 %. L’explication réside dans le déflateur, une valeur technique, non observable, qui mesure le renchérissement des services bancaires. BAK Economics explique son estimation du renchérissement par le fait qu’après une longue phase de taux bas, les marges d’intérêts se sont normalisées. 

L’étude montre que par rapport aux banques, les entreprises d’assurance génèrent presque deux fois plus de valeur ajoutée brute par unité de main d’œuvre. Pourquoi?  

Je vois principalement deux explications. D’une part, le capital investi par collaborateur/-trice est nettement supérieur dans les entreprises d’assurance, en particulier dans les très grandes entreprises de réassurance. D’autre part, l’étude montre que les effets indirects sont relativement forts au niveau de la main d’œuvre, mais relativement faibles au niveau de la valeur ajoutée. Cela laisse à penser que les entreprises d’assurance externalisent dans d’autres branches des activités souvent faiblement productives. 

Quel rôle jouent les activités bancaires transfrontalières dans l’économie suisse? 

Un rôle bien plus important que ce que l’on imagine en général. Quand on pense à la Suisse, les premiers secteurs exportateurs qui viennent à l’esprit sont l’industrie chimique, l’industrie pharmaceutique, l’industrie mécanique ou le tourisme. Mais en réalité, les services bancaires s’inscrivent en deuxième position, derrière les droits de licence, en termes de revenus des exportations de services. En termes d’exportations nettes, c’est-à-dire déduction faite des importations, ils occupent sans conteste la première place. Que l’on importe peu de services bancaires de l’étranger, cela ne me surprend guère. Je ne connais personne qui travaille en Suisse et fasse virer son salaire sur un compte à l’étranger. 

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