Opinions
19.12.2023

Mise en œuvre des nouvelles Directives sur l’efficacité énergétique: où en sont les banques? 

En vertu des Directives pour les fournisseurs d’hypothèques relatives à l’amélioration de l’efficacité énergétique des bâtiments (Directives sur l’efficacité énergétique), la question de la préservation de la valeur à long terme du bâtiment à financer, et donc celle de son efficacité énergétique, doivent être abordées dans le cadre du conseil en financement immobilier auprès de la clientèle. Le délai transitoire visant à permettre aux banques d’adapter leurs processus internes expire fin 2023. Nous avons demandé à Larissa Marti et à Nando Gasser comment s’est passée la mise en œuvre au sein de la Banque Migros et des banques Clientis.

Article deRemo Kübler

Les Directives sur l’efficacité énergétique sont en vigueur depuis le 1er janvier 2023, avec un délai transitoire qui court jusqu’au 1er janvier 2024. Larissa et Nando, où en sont vos établissements respectifs dans la mise en œuvre?

Larissa Marti

Larissa Marti: Nous sommes sur la dernière ligne droite. Les paramètres techniques ont été définis et s’appliqueront d’ici la fin de l’année. En tant que Responsable Développement durable, ces derniers mois, mes priorités étaient la communication interne et la formation. En effet, pour que les nouvelles Directives puissent déployer leurs effets, il faut que les conseillères et les conseillers à la clientèle comprennent bien en quoi la durabilité, les émissions financées et les opérations hypothécaires sont liées. 

Nando Gasser

Nando Gasser: Nous aussi, nous touchons au but. Les Directives seront appliquées dans les délais. En tant que Legal & Compliance Officer, je coordonne leur mise en œuvre au sein des banques Clientis. Nos quatre axes de travail principaux sont les suivants: aborder la question lors des entretiens de clientèle, nous procurer les données accessibles au public, fournir des informations à la clientèle, et enfin former les conseillères et les conseillers. Nous commençons à recevoir de premiers retours de la pratique, avec des propositions d’amélioration que nous mettons en œuvre au fur et à mesure.

Les Directives sont conçues selon une approche fondée sur des principes et proportionnée, ce qui laisse à chaque banque une marge de manœuvre quant à leur application. Quelles sont à cet égard les spécificités concrètes de vos banques respectives? En quoi sont-elles perceptibles pour la clientèle?

Larissa Marti: Nous voulons sensibiliser nos clientes et nos clients à la question de l’efficacité énergétique et leur montrer qu’il existe des solutions à explorer. Nous allons donc faire avec eux le bilan énergétique de l’immeuble à financer, puis leur indiquer des mesures possibles. Concrètement, à partir de janvier, nous nous appuierons sur un logiciel interactif lors de ces entretiens de financement. En outre, nous concluons des partenariats avec des entreprises tierces, de manière à pouvoir proposer à notre clientèle une gamme aussi large que possible de solutions de rénovation adaptées. Je suis convaincue que grâce à cette panoplie d’aides, nous abaisserons les obstacles à la prise de mesures efficaces et nous augmenterons le taux de rénovation.

Nando Gasser: Nos banques Clientis accompagnent les clientes et les clients intéressés par une rénovation énergétique de leur bien. Cela passe par exemple par une première évaluation pragmatique de l’état énergétique de l’immeuble concerné, suivie d’une discussion sur les mesures de rénovation envisageables. Il est important de noter que le groupe Clientis se compose de 14 banques indépendantes, dont chacune a sa propre stratégie de distribution. Chaque banque a donc une certaine latitude pour prendre des initiatives complémentaires. En raison de leur ancrage régional, les banques Clientis sont bien placées pour fournir à leur clientèle des informations complètes et de première main sur les professionnels locaux du bâtiment ou sur les subventions disponibles.

«Il faut que les conseillères et les conseillers à la clientèle comprennent bien en quoi la durabilité, les émissions financées et les opérations hypothécaires sont liées.»

Larissa Marti

A propos de l’application spécifique à chaque banque: comment avez-vous élaboré le processus de mise en œuvre au sein de vos organisations respectives? Où résident les difficultés et quels sont les facteurs de succès?

Nando Gasser: La principale difficulté consiste à transposer les nouvelles prescriptions dans un processus qui, en pratique, garantisse à tout moment que les Directives sont respectées. Dès lors, disposer d’un personnel formé et informé constitue un facteur clé de succès. C’est pourquoi nous avons impliqué les banques Clientis dans la mise en œuvre et nous continuerons à le faire.

Larissa Marti: Je pense moi aussi que la formation est un facteur clé de succès. Pour pouvoir motiver les clientes et les clients à se pencher sur la préservation de la valeur de leur bien et à envisager des mesures de rénovation concrètes, il faut que nos conseillères et nos conseillers soient bien formés et qu’ils se sentent à l’aise dans ce domaine. Grâce à notre parcours de formation, nous disposons à cet égard d’une base très solide.

«Nous commençons à recevoir de premiers retours de la pratique, avec des propositions d’amélioration que nous mettons en œuvre au fur et à mesure.»

Nando Gasser

Pour terminer, tournons-nous vers l’avenir: quels seront les effets des nouvelles Directives sur l’efficacité énergétique?

Nando Gasser: Les Directives sur l’efficacité énergétique sensibilisent toutes les parties prenantes. En particulier, nous contribuons à ce que les clientes et les clients développent leur propre opinion à ce sujet. Lorsqu’une mesure de rénovation énergétique les intéresse, nous les aidons à la mettre en œuvre.

Larissa Marti: Pour les propriétaires, la Banque Migros est désormais un «guichet unique» qui permet de discuter à la fois des solutions de financement et des éventuelles mesures de rénovation énergétique. Nous n’allons pas réserver ce service aux particuliers qui ont une maison individuelle ou une maison de vacances à financer, mais l’étendre à d’autres segments de clientèle. Nous créerons ainsi des synergies – sans compter que selon nous, la clientèle professionnelle a aussi besoin de conseils sur la durabilité. 

Larissa Marti

Larissa Marti est Responsable Développement durable à la Banque Migros. 

Nando Gasser

Nando Gasser est Legal & Compliance Officer et chargé de la protection des données chez Clientis SA.

InsightFinance durable

Rédacteurs

Remo Kübler
Responsable Recherche & Immobilier
+41 58 330 62 26
Darius Schlaeppi
Ancien stagiaire Recherche & Marché Hypothécaire